Après un été d’entraînement (non pas pour la course à pied
mais bien en vue d’une ascension du Kilimandjaro) je me suis pointé sur la
ligne de départ du demi-marathon
Bonneville de Lachine.
Avec en tête pour seul objectif de terminer ma course, sans
aucune pression car l’idée n’était pas de performer mais d’augmenter mon
cardio, je me suis donc aligné avec les 3 500 autres coureurs (toute distance
confondues) qui s’étaient levé tôt dimanche le 23 juillet pour prendre le
départ.
Je ne suis pas un coureur rapide, et je ne me permettrait
pas de donner des conseils si ce n’est que j’ai trente-cinq années de course à
pieds de cumuler ce qui me donne un certaine expérience du domaine.
Donc endossant mon chandail aux couleurs de l’évènement je
me suis pointé une bonne heure à l’avance. J’aime avoir le temps de prendre le
pouls, de me mettre dans l’ambiance. Contrairement à bien des coureurs je
n’utilise pas cette période pour faire des échauffements.
Cette attitude me vient d’une soirée où le coach de Phil
Latulippe nous avait confier que celui-ci ne prenait jamais le temps de se
réchauffer avant un évènement. Par paresse ou par sagesse, j’ai pris cet avis
comme un dogme et depuis je ne le fait jamais. J’entends déjà les critiques (ne
vous gênez pas, on pourra discuter) mais pour moi il s’agit de commencer ma
course plus lentement et je fais mes réchauffements durant le premier
kilomètre.
Donc, quelques minutes avant le départ, je me suis placé en
ligne, et j’ai remarqué qu’on avait des lapins. Pour moi celui qui me semblait
intéressant était 15 minutes plus rapide que tout mon entraînement de l’été.
Pourquoi ai-je choisi de le suivre alors que je m’étais
promis de n’avoir pour objectif que de bien terminer ma course? Difficile à
dire. D’autant plus que je ne le sentais pas ce matin-là. Je pensais bien que
la performance serait égale à mes attentes et donc que de me coller au lapin
c’était la déception assurée.
On a commencé la course à 8 :30 pile. Je me suis collé
au lapin en compagnie d’autres coureurs et coureuses. Plusieurs y allaient de
commentaires et de conversations anodines sur la température, l’état de la
route, et du vent qui soufflait. Pour ma part, je me suis mis immédiatement en
mode tactique et j’ai décidé de garder mon énergie en ne parlant pas, ou peu
car pour moi suivre le lapin c’était un défi.
Durant la première moitié du parcours, je suis arrivé à
suivre la cadence. À quelques reprises je prenais du retard aux points d’eau,
mais dès ceux-ci passé je me remettais à la poursuite pour rejoindre mon lapin
et ses fans.
À quelques reprises je me suis dit que je n’y arriverais pas
et que mieux valait ralentir sinon je ne terminerais pas. Mais ma petite voix
me disait : grouille toi, t’es capable d’endurer. Et je revenais sur mon
lapin.
Ce qui est bien quand on poursuit un lapin c’est que
l’accélération qu’on déploie pour le rejoindre et forcément récompenser par le
ralentissement qu’on doit appliquer une fois à sa hauteur pour maintenir la cadence.
Donc, même si je trouvais l’effort pénible, une fois à sa hauteur j’avais
l’impression de me reposer un peu.
Vers le seizième kilomètre j’ai commencé à ressentir les
effets de mon ambition. Mes jambes commençaient à souffrir de la fatigue et mon
souffle était plus court car la combinaison de l’effort relié à l’accélération
et la distance semblaient venir à bout de ma détermination.
Qu’à cela ne tienne, malgré la distance qui se creusait inexorablement entre moi et mon lapin, qui semblait maintenant bien seul car son groupe s’était disséminé, soit par en avant pour ceux ou celles qui s’étaient sous-estimés, ou par en arrière pour ceux qui comme moi avaient fait le contraire.
Les derniers kilomètres, la chaleur la fatigue et la faim
ont commencés à impacter ma course. Malgré tout j’ai trouvé au fond de moi un
peu de courage pour ne pas trop perdre de temps entre le dix-septième et
l’arrivée.
Finalement, lorsque j’ai vu enfin l’horloge, je constatais
qu’elle allait ajouter une nouvelle minute dans les prochaines secondes et
comme j’étais toujours dans une bonne fenêtre j’ai poussé au maximum avec un
sprint d’une centaine de mètres améliorant mon rang global au passage.
Un record personnel des vingt dernières années, voici ce que
j’ai récolté ce dimanche. Même loin de mon lapin j’ai amélioré ma marque de
douze minutes. Résultat sans nul doute de mon entraînement croisé de tout
l’été. Les randonnées, le vélo et la course à pied ont tous contribué à
l’amélioration globale de ma forme physique.
J’ai terminé ma dernière ascension en 15 minutes de moins
que le meilleur temps prévu, mon demi-marathon en 12 minutes de mieux que mon
meilleur temps des vingt dernières années et augmenter ma vitesse moyenne à
vélo de 15 % sur l’an dernier.
Au final, tout cet entraînement semble porter fruit et je me
sens aussi prêt que je puisse l’être pour la grande ascension qui débute
dimanche prochain.
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