dimanche 13 novembre 2011

Courir pour le plaisir

Je n'ai pas fait de chronique depuis longtemps.

Après une deuxième déception lors du demi-marathon j'ai eu un passage à vide...

Tout cet entraînement n'avait finalement servi à rien. Je parcours des dizaines de kilomètres par semaine, je fais tous les entraînements demandé, je maintien la bonne moyenne alors pourquoi devrais-je espérer autre chose que de réaliser mon meilleur temps tel que promis. N'est-ce pas?

Pourtant lors de ce parcours de 21 kilomètres j'ai été confronté avec moi-même. J'ai réalisé que le cerveau est une grande partie de l'équation.

Récapitulons.

Le début de la course sur le pont Jacques-Cartier.

Merveilleux départ, la bande de maniaques qui vont se taper un demi-marathon sont tous plus beaux les uns que les autres.

Il y a des jeunes (ils courent pour combattre le décrochage) avec leurs gilets rouges. Il y a des hommes et des femmes avec des oreilles de lapins: 'suivez-moi, je cours pour 2:15'. Il y a des gars bedonnants, d'autres qui ont l'air en super-forme. Des  femmes, des jeunes, des moins jeunes.

Tout le monde est prêt. On a fait cet entraînement et ce matin c'est la récompense.

Le départ est donné.

Il y a beaucoup de monde. Je franchis la ligne de départ sept minutes plus tard. On court sur le Pont-Jacques Cartier.

Les premiers mètres sont difficiles, mettre la machine en marche. Mais la moyenne est bonne. Je me force à demeurer autour de 6:27. Je n'ai pas l'intention d'aller trop vite même si tout le monde m'entraîne par en avant.

4 ème kilomètre, la côte Berri approche. On doit se préparer mentalement, ce n'est pas facile de grimper cette petite colline bien agacante. Mais victoire, j'arrive en haut sans encombre en haut, la vitesse est bonne.

J'arrive au 11 ième en respectant mon plan de match, même si je ressents déjà une énorme lassitude. Une banane! Ça va me faire du bien.

Mais tout à coup c'est le passage à vide. Plus rien. Plus d'énergie.

Je dois me battre pour avancer. Aller, un peu de marche pour me remettre ça va certainement se placer. Je marcherai près de 500 mètres. Je réalise déjà que je n'arriverai pas à terminer selon mes objectifs. Je suis découragé.

Je me mets à me questionner. Pourquoi me convaincre de continuer ainsi si je n'ai plus de plaisir?

Je me questionne mais je n'avance plus. Je repars difficilement. Le coeur n'y est plus.

J'arrive au 14 ième et je veux tout lâcher. Je cherche une station de métro. Rien en vue. Je marche, je marche. Un kilomètre. Décidément les stations de métro sont loins ici. Aussi bien courir un peu, jusqu'à la station de métro.

J'arrive bientôt au Parc Maisoneuve. La station de métro d'un côté, le fin du parcours de l'autre... Allez! Autant terminer maintenant que je suis arrivé ici. Même si ce doit être en marchant.

Mais Patricia est là. Elle me voit et me dit: 'non non, pas quetion d'arrêter si près' Elle m'accompagne même pour un petit 100 mêtres. Mais c'est suffisant, maintenant je n'arrêterai plus.

J'ai terminé, mais j'étais déçu. Encore une fois.

J'ai cherché le lunch et rapidement la station de métro. Je m'appitoyais sur mon sort. Puis devant moi j'ai vu un jeune. Il boîtait gravement. Une visible déformation de la cheville, sans doute de naissance, difficile à dire. Mais il portait au cou fièrement sa médaille de demi-marathonien.

Je me suis dit que je me plaignais pour rien. Que ce qui compte ce n'est pas de terminer une épreuve dans les temps qu'on s'est fixé, mais le voyage. L'entraînement qui nous mène vers cette récompense, qui est de se retrouver avec des fous, comme nous, qui ont décider de laisser de côté leur divans et se sont mis à marcher, courir pour se dépasser et surtout pour vivre une vie meilleure.

Depuis le mois de septembre je cours sans appareil. Je ne mesure plus mon temps, même si je continue de faire mes sorties 3 a 4 fois par semaine. Je m'entraîne tout autant, mais j'essais de retrouver le plaisir de courir. J'ai arrêter de vouloir performer à tout prix.

Après tout, on s'entraîne pendant des mois, est-ce possible que 'LA' journée de l'évènement ça ne se passe pas comme on le souhaite?

Je n'ai pas de plans pour faire d'autre compétition et d'autre objectif de performance pour le moment. Tout ce que je fais c'est m'amuser et je me sens bien.

Bonne journée à tous.