En fait c'est à vingt-trois heures le jour 5 que çà a commencé.
Nous avons mangé un léger goûter composé des biscuits et de thé et ensuite nous nous sommes préparés pour l'ascension finale.
Afin
de nous donner un maximum de chances de réussite, nous sommes
accompagné des cinq guides. Le rythme est lent, très lent (polé-polé)
peut-être trop même mais malgré tout le départ me replonge dans mes
doutes.
Dès les premiers pas je sens ma respiration qui est trop
rapide. Je n'ai parcouru qu'une centaine de mètres que déjà je ressens
la fatigue. On dirait que mes jambes ont parcourues mille mètres.
Ça y est, c'est certain que je n'y arriverai pas.
Au
bout de deux cents mètres je m'assois carrément. Julius, un des guides
vient me voir et je lui dit: "I'm not feeling well. I think I might not
be able to go to the top"
Je ne me sens pas bien, j'ai peur de ne
pas y arriver. Julius m'osculte, il appuie sa tête sur ma poitrine et me
regarde: non, ta respiration est bonne, tu n'as pas de grave problème.
Ok, je ne me sens vraiment pas bien mais s'il dit que ce n'est rien, ce
doit être vrai, non?
Il faut espérer qu'il sait vraiment ce qu'il
fait, après tout je ne suis pas venu ici pour y laisser ma peau!
J'arrive à me convaincre de ne pas abandonner. Nous reprenons le chemin,
mais je refuse d'aller plus rapidement, ce sera à ma vitesse ou pas du
tout.
Un peu plus loin j'aperçois une compagne de voyage, trente
ans, iron-woman (elle a terminé le Ironman) qui semble incapable de
faire un pas de plus. Au moins ça n'a rien à voir avec ma condition
physique.
Nous subissons tous les deux les effets du mal des
hauteurs. Par contre ce qui me surprends c'est qu'elle prend du Dyamox
alors comment se fait-il qu'elle se sente ainsi? Moi je n'en prends
toujours pas. J'aurais dû, j'avais des signes avec mon taux d'oxygène,
mais trop tard maintenant ça ne servirait à rien.
Nous continuons
notre route, une ascension longue, lente et pénible. Je ne crois
vraiment pas pouvoir y arriver. J'ai mal au coeur, j'ai l'impression que
je suis en train de faire une pneumonie, l'air froid qui se condense
sur mes poumons me fait tousser. Julius me dit "you're ok", et j'essaie
de le croire. Il se saisit de mon sac à dos, quel soulagement!
Je
n'avais pas réalisé qu'y glisser mon sac d'eau de 3 litres et mon
manteau en plumes d'oie serait un tel calvaire. J'avais décidé de mettre
mon manteau en plumes d'oie dans mon sac à dos car je doutais en avoir
besoin. Mon manteau Archteryx et monThermoball en dessous devraient
suffire pour ce genre de température, mais mes compagnons Américains me
traitaient de Canadien parce qu'eux n'auraient laissé aucune couche
supplémentaire dans leur sac à dos.
Mais au final j'ai eu raison,
même à moins quinze, j'étais suffisamment protégé du froid. Mais mon eau
a gelée dans le tuyau, j'avais bien soufflé en buvant afin d'expulser
l'eau qui pourrait rester dans le tuyau, mais ce n'était pas suffisant.
Donc, et mon sac d'eau, et mon manteau n'étaient que des poids morts que
je traînais alors que j'avais besoin de toutes mes forces. Julius s'est
chargé de mon barda, lui il est habitué à l'altitude et sans doute que
si j'avais pris mes médicaments, je serais capable moi aussi, mais pour
le moment c'est lui le plus fort et je suis très heureux qu'il soit là.
Je
reprends la marche, l'ascension se fera progressive et lente, mais je
réussi à prendre mon courage. Je bois dans la bouteille de Julius, pas
beaucoup, mais je prends ce que je peux quand je peux. Nous gravissons
ainsi les mille mètres qui nous sépare de Stella point. Il est près de
six heures trente du matin lorqu'enfin nous atteignons les rebords du
cratère.
Source: Alain Tremblay
Légende: Levé du soleil sur le Kili
J'ai
de la difficulté à y croire, c'est magnifique. Le soleil se lève à
l'horizon et éclaire le cratère du Kilimandjaro. Quelle montagne
magnifique! Je vois David, le plus jeune de nos guides qui me tent une
tasse de thé au gingembre, c'est la meilleure tasse de thé de ma vie.
Julius
me dit, le sommet est tout près, à peine deux cents mètres et la route
est en pente douce, on voit le sommet et surtout le paysage fantastique
tout autour. Le glacier qui malheureusement fond lentement, dans dix ans
il ne sera plus la... Je me demande comment font les gens pour arrêter
si près du but. Pas moi, pas question, plus maintenant. C'est le sommet
c'est certain.
Source: Alain Tremblay
Légende: Les derniers mètres vers le sommet
Je
suis un peu euphorique et j'essaie de courir un peu, de doubler ma
compagne de trente ans, mais je m'aperçois rapidement que ce n'est pas
la meilleure idée que j'ai eu. Je suis forcé de ralentir car le mal des
hauteurs me rappelle que je n'ai pas beaucoup de forces.
Peu
importe, trente minutes plus tard j'atteins le sommet! Mission
accomplie. Mes compagnons de voyage sont toujours là. Je n'ai pas mis
trop de temps à rejoindre le groupe de jeunes gens et je me sens aussi
fou qu'eux. "We made it!" Quelle aventure, quel beau voyage. Quelle
façon de découvrir un pays.
Source: Alain Tremblay
Légende: Le sommet
Nous
sommes restés un trentaine de minute et il fallait bien redescendre, un
chemin avec un fort dénivelé et long de cinq kilomètres, Sans compter
que nous devrons faire un autre sept kilomètres pour rejoindre le camp
Mekwa dernier arrêt avant la porte de Mekwa et le retour a Moshi! Je ne
peux attendre d'arriver a Moshi, j'ai tellement besoin d'une douche et
de vêtements de rechange, ca meme pas de bon sang!
J'ai terminé ce voyage avec un safari, mais ça ce n'est pas le genre d'histoire que je raconterai ici :)
Espérant que modestement vous aurez apprécier et que ça donnera le goût à d'autres.